Originaire d’Amérique du sud (Argentine, Chili, Brésil), elle a été introduite un peu partout dans le monde. En Europe, elle est signalé au Portugal dans les années 30. En France, elle apparaît dans les étangs de la région landaise puis se propage vers le nord. Comme la Jussie, la Myriophylle du Brésil est une plante amphibie, leur écologie présente de grandes similitudes. En France, elle se reproduit par bouturage. Cette plante a des besoins importants en lumière.

Identifier la Myriophylle.

Les feuilles d’un vert tendre, aux lanières très fines sont verticillées par 4 ou 6 (c’est-à-dire qu’elles sont attachées par groupe au même endroit sur les tiges). Ses tiges peuvent atteindre 3 mètres de longueur !

Elles sont vivaces, d’une croissance rapide et se reproduisent par bouturage.

La Jussie et la Myriophylle se plaisent dans les eaux à faible courant ou marais. Elles colonisent les berges afin de s’y ancrer puis progressent vers le centre de la rivière. La progression, horizontale puis verticale, étouffe toute autre espèce végétale. Le bouturage est malheureusement très efficace. Un simple brin cassé peut redonner une nouvelle plante. Les inondations, le passage des ragondins, l´intervention de l´homme sont les causes de la colonisation de nouveaux sites!
Fortes de tous leurs atouts, la Jussie et la Myriophylle compliquent la lutte.

Des conséquences sur l´écosystème.

L’asphyxie du milieu et la disparition des poisson. En été, lors de journées orageuses, la Jussie et la Mynophylle qui ont colonisé un milieu consomment plus d’oxygène qu’ils n’en produisent; une mortalité rapide des poissons s´en suit. Un milieu aquatique caractérisé par une densité végétale non indigène forte nuit aux poissons.

Un envasement de la rivière.

La perte de la biodiversité végétale et animale.

La lutte est l’affaire de tous !

L’élimination par l’arrachage manuel apparaît comme la meilleure solution. Chaque phase de l’opération doit être appréhendée avec précaution jusqu’à l’évacuation des végétaux. Les petites quantités arrachées peuvent être brûlées puis enfouies hors zones inondables, mais n’oublions pas que la grande résistance de ces plantes nécessite le brûlage et la mise en décharge lors d’opérations d’arrachage conséquentes.

Méthode de lutte : Arrachage manuel.

Avantages : efficacité, bouturage minimum si arrachage précautionneux.
Inconvénients : coût, effort, lenteur.

Arrachage mécanique.

Avantages : permet de traiter les états d’envahissements avancés.
Inconvénients : risque de bouturage doit être suivi d’un arrachage manuel afin de ramasser tous les morceaux cassés.

Traitement chimique.

Avantages : efficacité à démontrer ?
Inconvénients : produit non sélectif à ne pas utiliser par vent et courant important ou pluie.

En réalité, 2 espèces : Ludwigia peploïdes et L. Grandiflora. Elles sont présentées réunies sans différenciation spécifique, sous la dénomination de Jussie. Originaire d’Amérique du Sud, elle a été introduite en France à la fin du XIX ième siècle en vue d’ornementer les bassins d’agrément. Elle a envahi les étangs landais, la Brenne, puis le Marais Poitevin, facilitée par sa disponibilité à la vente. La Jussie est une plante amphibie : elle peut se développer aussi bien au-dessus de l’eau que sous la surface. Son mode de reproduction en France est essentiellement végétatif : un seul bout de tige (une bouture) peut se fixer et donner naissance à un nouvel herbier de Jussies ! Elle fleurit en France de mai à septembre. Ses habitats préférentiels sont les rives de cours d’eau ou de plan d’eau.

La plante amphibie a déjà conquis les cours d’eau de Loire-Atlantique et commence à coloniser ceux de Maine-et-Loire. Pour faire face à l’invasion de la Jussie, les deux départements ont lancé un programme d’arrachage mécanique et manuel.
Ses grosses fleurs jaunes et ses feuilles élancées en font une jolie plante d’ornement pour les aquariums et les bassins.
Aujourd’hui, elle est vendue en jardinerie et a conquis un large public.

Revers de la médaille : la plante amphibie est une redoutable colonisatrice des milieux humides naturels. Depuis dix ans, elle a envahi les étangs et les cours d’eau de l’Ouest Atlantique au point de mettre à mal l’écosystème aquatique, la pêche et les activités nautiques et touristiques.
En Loire-Atlantique, la Chère, le Don, l’Ognon, la Sevré Nantaise sont menacés. Sur l’Erdre et le Canal de Nantes à Brest, voies d’eau navigables concédées au Département, la Jussie a conquis plus de 23 hectares dont 2,5 ha sur l’Erdre. Pour enrayer cette invasion, le Conseil Général a mis en place un plan d’actions, en collaboration avec un comité scientifique et technique.

Une première campagne d’arrachage a été réalisée sur l’Erdre (environ 2 km), à Nort-sur-Erdre, et sur le canal de Nantes à Brest (13 km) entre les écluses de la Digue et du Bellion, à Saint-Nicolas-de-Redon, Fégréac et Guenrouët. La solution adoptée a été l’arrachage mécanique à l’aide d’un bateau “faucardeur”. Coût de l’opération : 90 000 €.
D’autres grands chantiers sont programmés pour les trois prochaines années.

En Maine-et-Loire, l’alerte a été donnée, il y a tout juste un an. L’état des lieux, dressé par le Conseil Général, a permis de localiser quelques foyers sur le Bassin de la Maine. La Sarthe est la plus touchée, notamment autour de Châteauneuf et de Morannes. Cet automne, deux chantiers d’arrachage ont été mis en œuvre sur ces deux communes.
La mission a été confiée à deux associations d’insertion.

Un travail mené avec précaution et minutie. La plante est ainsi arrachée manuellement par tronçon de 30 m avec un filet pour éviter toute dispersion. Elle est ensuite ensachée et acheminée vers une décharge de classe 2 pour y être détruite. C’est le seul moyen de se débarrasser de cette Jussie que certains comparent volontiers à un “alien”.

La science au secours des canaux.

Les canaux bretons sont-ils sauvés ? La mobilisation de la population et des élus a permis d’écarter la menace de leur destruction, mais les partisans du «débarrage» n’ont pas renoncé. Il va falloir faire vite. L’Europe impose le retour au bon état écologique des eaux avant 2015. Mais les eaux quasi dormantes des rivières canalisées sont propices à la prolifération de micro algues toxiques, les cyanobactéries. Poissons, canards, et baigneurs n’ont plus leur place dans les eaux qu’elles infestent. Pécheurs, chasseurs, militants écologistes, gestionnaires de l’eau, prônent une solution radicale : le retour des cours d’eau à leur état d’origine. L’Agence de l’eau a, d’ailleurs, envisagé sérieusement la question, à en juger par la précision de l’étude financière sur le coût des débarrages, qu’elle a livrée à la Région. Elle est chiffrée, à l’euro près, sur un coût de plusieurs millions, remarque Gérard Mével, Vice-président à l’environnent. Il y a, pourtant, des moyens de lutte contre ces satanées algues bleues. Le chercheur Jean-François Humbert (Inra, Pasteur), est le spécialiste de ces empoisonneuses et connaît les moyens d’en venir a bout et de prévoir leur évolution. Les scientifiques de plusieurs disciplines planchent sur ces algues et mettent en œuvre des moyen d’analyse dans le monde entier.

Virus contre bactéries.

Quelques recettes anti-cyanobactéries sont désormais connues, comme la limitation des rejets de phosphore, la gestion du débit, le traitement au cuivre ou la stérilisation des fleurs. «Il y a aussi des pistes d’outils de lutte biologique» ajoute Jean-François Humbert, «on pense à des virus qui pourraient infecter et tuer les bactéries ou à des plantes qui les capteraient».
Suffiront-elles â épargner aux canaux bretons les foudres de, Bruxelles ? L’écologue Myriam Bcxmass (Rennes), directrice de recherche au CNRS estime, pour sa part, que toute décision serait prématurée tant que l’écosystème des canaux n’aura pas fait l’objet d’études. Des études qui, précisément, vont être poussées sur le thème de l’influence des retenues sur la qualité de l’eau, et dont la destitution se fera à Rennes dans un an.

Alain le Bloas (Le télégramme du 11 février 2008).

En bref

Quelques potins, informations diverses sur les écluses et compte rendu sur le forum de l’eau de la région Bretagne.

Débarrage, canal et saumon

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Mémoires

Page consacrée à la production du film « mémoire de marinier breton » ainsi qu’à la gestion des voies navigables.